Colloque 2013

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Les suites du colloque 2013

Deux articles de Charles Di

Conflits des cultures dans la constitution de soi


Rudesse et richesse de la migration


Jean Yves Rochex est professeur de sciences de l’éducation à l’université paris 8.  Activités de recherche :

Processus de co-construction des inégalités sociales et sexuées d’accès aux savoirs et à la formation. Politiques d’éducation prioritaire ou de lutte contre l’inégalité en France, en Europe et en Amérique latine. Rapport(s) au(x) savoir(s) et à l’école des enfants de milieux populaires. Pratiques d’enseignement et d’apprentissage en milieux populaires. L’expérience scolaire, entre rapports sociaux et processus subjectifs

Quelques publications

·        Rochex Jean-Yves et Crinon Jacques (dir.), La construction des inégalités scolaires. Au cœur des pratiques et des dispositifs d’enseignement, Presses Universitaires de Rennes, 2011.

·      Demeuse Marc, Frandji Daniel, Greger David et Rochex Jean-Yves (dir.), Les politiques d’éducation prioritaire en Europe. Conceptions, mises en œuvre, débats, Lyon, Publications de l’INRP, 2008.

  • Le sens de l’expérience scolaire. Paris P.U.F. 1995
  • La transmission du savoir comme problème culturel et identitaire, Jean-Yves Rochex, Karolinom Press – Charles University Prague, Prague, 2001.
  • Henri Wallon. L’enfant et ses milieux, Jean-Yves Rochex.
  • Elisabeth Bautier, Jean-Yves Rochex ; Education, socialisation, subjectivation, institution – ESSI, Publication, papier, ouvrage, 144 pages, Hachette Éducation, Paris,
  • Charlot, B., Élisabeth Bautier et Jean-Yves Rochex (1992) École et savoir dans les banlieues et ailleurs, Paris, Armand Colin.(ISBN 2-200-01198-9

Charles DI est psychologue, il fait partie de l’association Internationale d’EthnoPsychanalyse (AIEP) et travaille dans l’équipe de Marie Rose Moro à la Maison des adolescents (Maison de Solenn)

 Il participe à de nombreux colloques et a notamment publié des articles :

 Le Journal des psychologues 2008/3 (n° 256)

 La protection de l’enfance Entre l’offre institutionnelle et la demande des familles en situation migratoire

 Informations sociales 2008/1 (n° 145)

 Conflit des cultures dans la constitution de soi L’apport de l’approche ethnopsychiatriqueL’article dans le Journal du Centre du 16 décembre 2013 :

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Un article pour alimenter le débat.

« Les enfants de l’immigration, une chance pour l’école »

Marie Rose MORO,

Pédopsychiatre, Professeure de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’Université Paris-Descartes. Directrice de la « maison de Solenn » à Paris

Contrairement à la désignation qui en est faite le plus souvent, les questions transculturelles sont une caractéristique en même temps qu’une chance pour notre société contemporaine. C’est une richesse.

 L’école est un lieu essentiel :

C’est un lieu de liberté de choix, un lieu de rapport actif au savoir : « Pour ma part, fille de migrants, j’ai expérimenté l’école sans aucune douleur… Bien au contraire »

C’est un lieu pour transformer des expériences en engagement collectif.

 Où se jouent les niveaux de négociation pour ces enfants ?

 Les fractures peuvent être sociales, ethniques, sexuées. Le monde du « dedans » va jouer un grand rôle : On a souvent une langue maternelle et une langue seconde quand on est enfant de migrant ; et passer du monde de la maison au monde de l’école sera-t-il une richesse ou un obstacle ?

 Pour ce qui va concerner les langues :

 Il y a en France un effort à faire pour ne pas considérer que posséder deux langues est un problème (avec bien sûr, une hiérarchie implicite). En réalité, qu’un enfant maitrise plusieurs langues ne pose aucun problème. La multiplicité est possible, point n’est besoin d’une langue faisant office de structure dominante. Dans une classe, le plurilinguisme est une richesse, une chance

 Deux facteurs favorisants pour la réussite de ces enfants :

 -1- Avoir une bonne représentation de leur langue maternelle, et la maitrise de cette langue accentue l’effet de ce facteur (ces deux dimensions sont en lien) .Or la France est le pays où les enfants de migrants maitrisent le moins leur langue : 15% en France, 60% en Angleterre. A minima, cette représentation doit être « suffisamment bonne », non négative. Cela agira sur la construction de l’estime de soi de ces enfants.

-2- Rencontrer un « passeur » du monde de l’école, qui va favoriser le passage d’un monde à l’autre, qui va valoriser, ou au moins ne pas invalider, la culture d’origine. (Exemple de parole valorisante : « L’Afrique est le berceau de l’humanité »…)

Toutes les études montrent que le bilinguisme est favorisant, contrairement à toutes les représentations que l’on s’en fait habituellement (et qui sont donc à combattre).

 Dans le développement des enfants, la « différence » pose problème : ils peuvent se cliver entre la maison et l’école. Sur ce point, les garçons se montrent plus fragiles que les  filles, qui trouvent les  moyens de surmonter  ce problème.

 Pour ce qui va concerner la structuration familiale :

 C’est quelque chose de profondément intime : Par ex : l’affirmation : « une mère, on n’en a qu’une… » peut se révéler fausse dans certaines configurations (et si certains enfants réalisent deux dessins pour la fête des mères, cela ne doit pas être pointé du doigt, ou moqué)

On peut se structurer avec une pluralité.

 Ce dont il s’agit ici c’est la question de la place que l’on fait à la différence : la couleur de peau, les accents…Il peut y avoir des discriminations explicites, culturelles, sociales, et encore plus fréquemment, face cachée de l’iceberg, des discriminations structurelles implicites (rapports de pouvoir, rapport de majorité à minorité…)

 Les facteurs contribuant à lutter contre    la discrimination implicite seront les  suivants

– lareconnaissance active de l’apprentissage des langues maternelles à l’école.- la diversification des langues : adapter l’enseignement en fonction des langues secondes. – la valorisation de la diversité dans le recrutement des personnels de l’encadrement scolaire (diversité des acteurs pour qu’ils jouent le rôle de support identitaire pour les enfants, en particulier en matière de « parcours »).

Il serait bon à l’école d’éduquer à la diversité, d’enseigner un savoir sur cette question. En ce qui concerne le rapport au savoir, il y aurait à reconnaitre aussi le savoir oral. Pour les personnels avoir reçu de la formation dans tous ces domaines serait nécessaire. Et une attention particulière devra être apportée à tous les moments de passage.

En tout état de cause, il sera important de rendre le monde désirable, et d’aider les enfants à se l’approprier.

Découvrez le site : www.marierosemoro.fr et : www.mda.aphp.fr

 
Compte rendu : Marie Pantalacci (congrès ACOP-F septembre 2012)